Depuis plusieurs années l’huile de palme est fortement décriée de tous les côtés et pour cause, en plus d’être mauvaise pour la santé sa production massive détruit des forêts entières en Indonésie. Une autre huile a commencé à apparaître de plus en plus régulièrement dans la liste des ingrédients pour la remplacer : l’huile de coco. Les végétaliens ou même les adeptes de la cosmétique en font notamment une utilisation importante. Mais huile de coco ne rime pas forcément avec écologie ou véganisme. Et encore moins avec le respect des humains qui la produisent. Explications dans l’article !
L’huile de coco n’est pas écologique ?
Transports
Si vous ne l’aviez pas remarqué, on ne trouve pas beaucoup de cocotier dans le paysage français. Les noix de coco proviennent majoritairement d’Asie du Sud-Est. Autant vous dire qu’avant d’arriver sur nos étals elles ont fait du trajet.
Je ne suis pas partisane de supprimer complètement tout aliment venant de pays lointain, cependant je pense qu’il est important de les consommer uniquement de façon occasionnelle. Faire un régime alimentaire constitué régulièrement de banane, d’avocat ou de noix de coco aura forcément un impact négatif sur l’environnement. D’autant que dans le cas de la noix de coco, l’utilisation d’emballages en plastique est nécessaire lors de son transport afin de la protéger… Et le plastique c’est pas fantastique… ni écologique !
Malheureusement à ce jour il n’existe pas de façon véritablement écologique de transporter nos fruits et légumes exotiques vers l’Europe… Mais rassurez-vous il y a aussi plein de fruits et légumes locaux et de saison que nous pouvons déguster tout au long de l’année :)
Rendement
Ce qui rend l’huile de palme si néfaste pour l’environnement c’est la rentabilité extrême que l’on peut faire d’un palmier qui produit beaucoup d’huile en peu de temps. Je vous ai déjà parlé du problème de cette huile dans ma vidéo sur le nutella.
Le cocotier produit moins de fruits et a un rendement plus faible, ce qui limite les risques de surproduction… tant que la demande reste raisonnée autrement la tendance s’inverserait complètement ! Mais le cocotier a aussi l’avantage de pouvoir pousser facilement dans n’importe quel type de sol, notamment le sable. Pas besoin donc de raser des forêts entières pour produire des noix de coco.
Destruction des sols
Même si les cocotiers poussent facilement dans tous types de sol, la demande très croissante de noix de coco pousse à la monoculture, à la destruction de la biodiversité environnante, à l’utilisation de fertilisants et pesticides qui vont venir polluer l’air et le sols…
L’huile de coco ça n’est pas (toujours) vegan
Comment l’huile de coco, 100% végétale pourrait ne pas être vegan ? C’était sans compter sur l’imagination de l’être humain, qui n’a aucune limite lorsqu’il s’agit d’exploitation animale ! Un cocotier c’est haut, et y grimper c’est dangereux. D’autant qu’un humain est lent et peu efficace. Heureusement (non) on a trouvé une très bonne idée pour améliorer l’efficacité de la cueillette… Utiliser des singes ! Et plus particulièrement les macaques à queue de cochon.
Ces pauvres animaux ont donc été domestiqués… non pardon, je veux dire, ces animaux ont été arrachés à leur milieu naturel, dressés (et évidemment le dressage est abusif puisqu’un animal sauvage est rarement coopératif) pour cueillir un maximum de noix de coco dans une journée.
En échange il sera séparé de ces congénères (pourtant le singe est un animal grégaire qui vit en communauté), enchaîné jour et nuit et condamné à répéter les mêmes gestes jusqu’à la fin de ces jours.
Attention cependant, les fermiers qui dressent les singes et les rendent captifs ne sont pas à blâmer directement. Car ils sont eux-mêmes les victimes d’un système oppressif, d’une demande (que nous occidentaux, alimentons joyeusement) toujours plus croissante qui les pousse à recherche le rendement maximum. Et comme nous allons le voir ci-dessous, les fermiers vivent également dans des conditions très précaires.
Comment trouver des noix de coco et de l’huile de coco vegan ?
Il existe évidemment des plantations qui n’utilisent pas de macaques pour cueillir les noix de coco, même si elles sont peu nombreuses. Sur le groupe facebook Végétarien, Végétalien, Vegan & Cool vous pouvez retrouver la liste des marques qui ont confirmé ne pas exploiter de singes pour la cueillette des noix de coco. Il faut cependant être membre du groupe pour voir cette liste. Une autre liste est également présente sur le site de Veggie Romandie.
Huile de coco et respect des travailleurs
Quand on pollue l’environnement et qu’on exploite déjà les animaux, pourquoi s’arrêter là ? Vous vous doutez bien que les fermiers et cueilleurs ne sont pas ceux qui s’en mettent plein les poches (ça serait trop facile). Exposés directement aux produits chimiques néfastes utilisés dans les plantations et sous-payés, les fermiers sont également victimes de notre amour pour la noix de coco…
En Indonésie et en Philippine, le métier de cueilleur de noix de coco fait partie des métiers les plus précaires du pays. Cela conduit d’ailleurs de nombreux jeunes à refuser de reprendre l’exploitation familiale. En cause, le prix très faible auquel les noix de coco sont vendues. Comme pour l’industrie du lait en France, les fermiers et fournisseurs ne sont pas en mesure de fixer leur prix mais sont contraints par les acheteurs et la concurrence très rude. Encore une fois, c’est le consommateur qui nivelle les prix par le bas, en refusant de payer les produits au juste prix. Comme lorsque nous acceptons d’acheter des vêtements pour trois francs six sous (oui j’utilise cette expression).
Huile de coco et santé
On accuse l’huile de palme d’être néfaste pour la santé. Pour autant quelques études tendent à prouver que c’est également le cas pour l’huile de coco lorsqu’elle est utilisée dans l’alimentation. Cela ne remet pas en cause les vertus qu’on lui prête en cosmétique.
Attention, la noix de coco, le lait de coco ou encore l’eau de coco ne sont pas concernés. On parle bien de l’huile de coco. Qui serait d’ailleurs encore plus mauvaise pour la santé lorsqu’elle est cuite. Cela est dû, notamment, à sa haute teneur en acide gras saturé.
Ainsi se termine ce long article sur le sujet de l’huile de coco. Remplacer l’huile de palme par l’huile de coco ce n’est que déporter le problème. Et c’est pour cette raison que j’ai de mon côté décidé de ne plus utiliser de produits alimentaires contenant de l’huile de coco !
Cependant si vous décidez de continuer d’acheter, la chose que vous devriez faire c’est de choisir des noix de coco ou de l’huile de coco issus du commerce biologique et équitable et choisissez des marques se trouvant sur des listes vegan !
Sources :
– One Green Planet : Is Your Obsession With Coconuts Harming the Environment?
– Erich E Dumelin : The Environmental Impact of Palm Oil and Other Vegetable Oils
– Business Time : Why the Coconut Craze Isn’t Helping Farmers
– AHA PRESIDENTIAL ADVISORY : Dietary Fats and Cardiovascular Disease
Coucou.
C’est fou comme l’Homme a une capacité innée pour détruire et profiter des plus faibles. Malheureusement dès que le business s’en mêle, l’éthique est moins (voire plus du tout) respectée. Comme tout ce qui vient de loin (non local), j’essaie d’avoir une consommation raisonnée et raisonnable. Un pot d’huile de coco d’1 litre me fait 6 mois minimum, ça me paraît correct.
Coucou ! Oui c’est impressionnant en effet ;) 1L pour 6 mois, pour savoir si ça fait beaucoup en fait il faudrait voir ce que ça représente en termes de rendement et nombre de noix de coco que ça représente. Perso j’essaie de la supprimer de partout au fur et à mesures
« Attention cependant, les fermiers qui dressent les singes et les rendent captifs ne sont pas à blâmer directement. Car ils sont eux-mêmes les victimes d’un système oppressif »
J’en ai un peu marre qu’on excuse tout le monde comme ça. J’ai parfaitement compris l’idée bien sûr mais à force de victimiser à tout va, énormément de choses sont vouées à continuer sans fin! Que ce soit ces éleveurs de singes à l’autre bout du monde, les prodicter laitiers en Europe ou encore les livreurs de bouffe à domicile, tant qu’ils acceptent et obéissent eh bien tout ça se perpétuera et se multipliera. Aux gens de se responsabiliser et de se soulever un peu. Je sais que comme ça ça peut paraître facile à dire mais ce monde n’évolue que quand on décide de dire stop, et ce n’est pas qu’au « consommateur » de le faire, il est un élément de la chaîne mais ça ne suffit pas. Si même ceux qui assistent sont exploités, qui assistent sur place au désastre écologique et aux maltraitances ne se bougent pas, c’est pas le petit bobo dans son joli salon du 9ème arrondissement qui va prendre conscience de l’urgence. Voilà je tenais à le dire. Merci pour cet article.
Super intéressant :D surtout au moment où l’huile de coco est présenté comme révolutionnaire ! Mais du coup quelle alternative à l’huile de coco ( à part celle vegan ) ? :)
Coucou merci pour le commentaire :) Comme alternative dans l’alimentation on peut utiliser les huiles locales : olive et colza (bien meilleures pour la santé) ou tournesol. Le problème c’est l’ajout excessif qu’on en fait dans les simili produits laitiers (fromage végétal, beurre végétal). Et en cosmétique c’est assez facile de s’en passer elle est de toute façon plutôt comédogène ^^ Je m’en sers seulement pour faire un soin des dents, en attendant de trouver mieux
Je suis toujours étonnée par le comportement destructeur de l’homme. J’ai arrêté d’en utiliser petit à petit car elle ne me convenait pas, c’était avant que je sache pour l’exploitation animale. Ça ne fait que confirmer mon choix. Je me sers principalement de l’huile d’olive.
Il me reste de l’huile de coco alors je l’utilise pour mes cheveux mais je ne pense pas que j’en rachèterai.
Coucou ! Merci pour ton message :) J’avoue moi je ne suis plus très étonnée… L’huile d’olive c’est top en plus je trouve ! Surtout pour le visage :) Je m’en sers parfois comme démaquillant !
Pingback: L’huile de coco en eaux troubles
« Qui serait d’ailleurs encore plus mauvaise pour la santé lorsqu’elle est cuite. Cela est dû, notamment, à sa haute teneur en acide gras saturé. » Malheureusement, la question est plus complexe que cela. Les gras monosaturés n’étant pas tous pareils. J’ai vu une thèse de doctorat en médecine ici à Montréal qui affirmait exactement le fait que les chaines des gras des huiles de coco étant la longue chaine seraient absorbées autrement par l’organisme. Les experts n’ont pas de consensus sur la question et beaucoup de lobbys des producteurs s’en mêlent pour défendre leur intérêt. Pour ce qui est du fait écologique et vegan je n’ai rien à ajouter. Pour avoir la conscience tranquille chercher les équitables et certifiés «crueless»
Bonjour ! Merci beaucoup pour ces précisions :) C’est parfois difficile de démêler le vrai du faux quand beaucoup d’études sont financées par les lobbys !
Pingback: Florilège de la blogosphère [22.10.18] – Chez Lorette
Coucou,
Merci pour ton article, il est vraiment intéressant!
Je cherche à réduire mon empreinte carbone, mais également, à réaliser des cosmétiques bons pour la santé.
Comment as-tu fait pour remplacer l’huile de coco dans tes cosmétiques maisons (dentifrice, déodorant, etc.) ? Quel huile qui vient d’Europe pourrait le remplacer au niveau de la texture?
Merci !!
Merci pour cet article. Je me questionne sur l’huile de coco. J’adore son odeur et elle convient à ma peau, mais je sais qu’elle n’est pas idéale d’une point de vue écologique. J’essaie de trouver une alternative. j’ai la même question que Lina. Y aurait-il une huile européenne possédant des attributs similaires?
Bonjour,
Tout d’abord merci de cette article qui ose dire la nocivité de la coco ou coprah. Je crois vraiment en la nocivité des transports de ces produits importés. En revanche un des arguments avancés ne tient pas.: « Ce qui rend l’huile de palme si néfaste pour l’environnement c’est la rentabilité extrême que l’on peut faire d’un palmier qui produit beaucoup d’huile en peu de temps. » Le palmier utilisé pour l’huile de palme est l’arbre le plus rentable non pas économiquement mais en productivité. Un palmier va donc produire beaucoup plus d’huile que n’importe quels autres oléagineux. Il est donc en comparaison bien moins destructeur de forêt. C’est la demande qui en est fait et les Pays qui en ont fait une niche (les mêmes que pou le coco). La demande importante de cette oléagineux est due à ses propriétés en transformation, qu’il partage avec la karite, ainsi que la coco, qui est bien plus catastrophique écologiquement car beaucoup moins productive pour un arbre donc il faut plus de cocotiers pour produire une même quantité d’huile de coco ou de coprah.
De plus, la coco est pire que la palme pour la santé. En cosmétique elle est trop épaisse et n’est donc pas idéal non plus.
J’ai fait mon choix ni l’une ni l’autre. J’abandonne aussi le soja et sa lécithine pourtant présente partout. Car en terme de déforestation on est pas mal non plus (le bio ne protège pas de tout de la deforestation, et le bio américain c’est du raisonné de chez nous) En bref je garde nos huiles locales tournesol, lin, et colza, et amande et olive pour la cosmétique .
Bonjour Munia,
Je pense qu’il y a eu un soucis de compréhension de mon article. Je voulais bien dire qu’il était rentable en terme de productivité mais que c’était la demande qui entraînait sa surproduction dévastatrice. Et je suis d’accord avec vous, il faut privilégier les productions locales et raisonnées :)
Superbravo pour votre article !
Concernant la santé, la GRAISSE de coco (ne plus dire huile, ce qui constitue un double mensonge, n’en déplaise au lobby du gras, colonialiste attardé) est effectivement encore pire que la graisse de palme (92 % d’acides gras SATURÉS contre 50 %).
Autant les acides gras PLURIINSATURÉS sont excellents pour la santé [les acides linoléique (diinsaturé, de l’huile de tournesol) et linolénique [triinsaturé (dit oméga.3) des huiles de colza, lin, cameline, noix, périlla, bourrache, onagre, etc) sont même INDISPENSABLES à raison de 15 et 5 g/j], autant les saturés sont nocifs [cancers (prosatate, sein), surpoids, diabète, HTA, décalcification en attendant perturbation endocrinienne].
Entre les deux, l’huile d’olive [acide oléique (monoinsaturé)] est indifférente mais c’est un bienfait des dieux ayant permis à nos sudistes d’ÉVITER les saturés, ce qui a sauvegardé leur santé (les Américains envient ce »French Paradox »].
Merci pour toutes ces précisions ! :)
Bonjour,
Même question que certaines à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse. Par quoi remplacer l’huile de coco (pour faire son déo par exemple)?
L’huile de coco a un profil lipidique particulier qui lui confère ses bienfaits sur la santé cardivasculaire, du cerveau, du foie, des dents, sur la gestion du poids …
C’est une huile qui contient majoritairement des acides gras saturés (plus de 90 %) dont la plupart sont des triglycérides à chaîne moyenne (TCM) comme les acides caprylique et caprique (16%) ou assimilés à des TCM tels l’acide laurique qui compose 40 à 50 % de ses lipides. Elle renferme aussi environ 6% d’acides gras monoinsaturés et 2% d’acides gras polyinsaturés.
La richesse de l’huile de coco en graisses saturées explique qu’elle est solide à température ambiante et ne se liquéfie qu’à température supérieure à 23-25°C. Mais ces acides gras saturés de l’huile de coco, du fait de leur configuration moléculaire particulière, n’empruntent pas les mêmes voies métaboliques que les acides gras saturés de la viande ou du lait, plus longs. Les TCM de l’huile de coco sont très vite absorbés par l’intestin et transportés jusqu’au foie où ils sont transformés en corps cétoniques et en énergie. Beaucoup des bénéfices santé de l’huile de coco sont imputables à ces graisses et à leur voie métabolique particulière.
Elle est du plus très stable à la chaleur donc idéale pour les cuissons.
Lire l’article : https://www.lanutrition.fr/lhuile-de-coco-et-votre-sante
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